Source: La Gazette.fr
Mobilité
Des tests de navettes autonomes sans opérateur embarqué vont avoir lieu à Lyon (Rhône). Une première.
Ces navettes seront par ailleurs accessibles aux personnes à mobilité réduite. Pionnière en 2016 en lançant une navette autonome dans le quartier de La Confluence sur une voie piétonne, Lyon s’accroche à cette longueur d’avance. «Ces navettes répondent clairement au besoin de la desserte du dernier kilomètre. Elles s’inscrivent aussi dans les efforts que nous menons sur l’enjeu environnemental et de santé publique, qui se traduisent déjà par un réseau aux trois quarts électrique», décrit Fouziya Bouzerda, présidente du syndicat mixte des transports du Rhône et de l’agglomération lyonnaise, le Sytral, et vice-présidente de la métropole de Lyon.
Le graal
Décidé à installer les navettes autonomes dans le réseau des transports en commun de Lyon, le Sytral va franchir un nouveau cap. Après deux années d’expérimentation sans incident à La Confluence, le ministère de la Transition écologique et solidaire a autorisé, au printemps, la circulation de la navette sans opérateur embarqué. «Le site a montré sa fiabilité. Nous allons donc tes- ter cette navette avec des opérateurs déportés», indique Pascal Jacquesson, directeur général de Keolis Lyon, délégataire du Sytral. Le graal, ce fameux niveau 5 tout automatique, serait donc à portée de roue? Le Sytral reste prudent, mais, en attendant de pouvoir vérifier si la navette tient la route sans opérateur à bord, il s’organise pour être prêt à implémenter ce mode de transport sur son réseau. L’idée étant d’utiliser les navettes autonomes afin de desservir des sites sur lesquels transitent peu d’usagers, en centre-ville comme en périphérie.La stratégie implique la multiplication et la complexification des essais sur des sites présentant des configurations différentes. Depuis février, le transporteur Berthelet expérimente ce service sur la desserte d’une zone d’activité dans l’est de Lyon. A partir du 15 novembre, deux navettes, exploitées par le Sytral, devaient se relayer entre un arrêt de tramway et le Groupama Stadium. «Un trajet complexe de 1,3 kilomètre, précise Pascal Jacquesson. Les navettes circulent à 18 kilomètres / heure dans le flot de circulation en franchissant notamment un carrefour difficile et des feux tricolores.»
Coûts en baisse
Ces navettes seront par ailleurs accessibles aux personnes à mobilité réduite, les obligeant à une précision au centimètre dans leurs arrêts. Enfin, très vite, elles adopteront une desserte à la demande. Ce test s’inscrit dans le cadre d’un projet européen visant à préparer l’arrivée de la navette autonome en ville et qui associe aussi Copenhague, Genève et Luxembourg. A La Confluence, le challenge est encore plus délicat, notamment parce qu’avant de se lancer, il faut parfaire certaines fonctionnalités comme le départ automatique de la navette. Il est pourtant bien plus décisif. En effet, sans opérateur, le modèle économique devient favorable pour l’exploitation de ces véhicules, a fortiori dans des zones où la fréquentation est faible. «Aujourd’hui, deux tiers des coûts d’exploitation sont liés à la présence d’un chauffeur», pointe Pascal Jacques- son. L’investissement devrait lui aussi diminuer si ces véhicules se généralisent. La boucle vertueuse sera alors enclenchée.
Chiffres clés
Budget : 487 000 € pour l’achat des navettes qui circuleront au stade, financés dans le cadre du projet européen AVENUE (Autonomous Vehicles to Evolve to a New Urban Experience).
L’adaptation des infrastructures
A Lyon, les expérimentations des navettes autonomes sont conduites en relation étroite avec les équipes de la métropole. «Notre objectif est de nous approprier ces technologies nouvelles. En étant proactifs, nous pouvons aussi orienter le travail de recherche des constructeurs», explique Pierre Soulard, responsable du service de la mobilité urbaine à la métropole. Pour l’heure, pas question de généraliser l’implémentation de ces technologies dans les infrastructures, mais il faut être prêt pour équiper les artères de la métropole en vue de l’arrivée des navettes autonomes.
Transports et numérique : vers une mobilité
Associant les technologies de l’information et de la communication à l’ingénierie des transports, les systèmes de transport intelligents (ITS) se développent de plus en plus en France. Et pour cause, permettant d’améliorer la sécurité, le confort, la fiabilité des déplacements, ces derniers ont un rôle à jouer de premier plan dans la mobilité du futur.